La “maison du pas sage” n’est pas une maison de retraite ordinaire mais un lieu de vie communautaire où chaque retraité(e) est “chez lui”. Les “Amis du monastère du Gai-rire” ont imaginé ce Projet Pilote chiffré à 600’000 €, financé par nous-mêmes, suite à une réflexion collective : pour nous, nos parents méritent le meilleur.

Aujourd’hui, pour des raisons de rentabilité, de plus en plus, les “Etablissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes” et autres structures, accueillent de 40 à 200 personnes. Un lieu équipé de quarante lits est selon nous un mouroir, un lieu équipé de deux cents lits est une usine à mourir. L’administration considère les personnes qui résident en ces établissements comme des “usagers”. Nous considérons qu’il y a là un manque de respect envers l’humain. Ne peut-on pas encore apporter à l’Autre, quel que soit notre âge ?

Comment faire en sorte d’échapper à ce souci de rentabilité ? Depuis des années, nous accueillons ponctuellement de vieilles personnes que nous aidons bénévolement. Nous recevons également des jeunes du monde entier qui aident à construire ce lieu et souhaitent ensuite pouvoir apprendre à “prendre soin de l’Etre“. D’ores et déjà nous constatons que ces échanges sont merveilleusement enrichissants, aussi bien pour les jeunes bénévoles du monde entier que nous recevons, que pour les vieilles personnes qui lèguent à ces étudiants le meilleur de ce qu’ils ont appris de la vie.

Nous essayons de mettre en acte une prière et cela, dès aujourd’hui, génère une famille de cœur au sein de laquelle chacun accepte de donner ET de recevoir, d’accompagner ET d’être accompagné. Cette maison sera un lieu où l’on apprend à vieillir en bonheur et à garder un cœur jeune afin d’accomplir une vie réussie et de bien partir quand viendra l’heure.

«Il n’y a qu’un crime, c’est de désespérer du monde. Nous sommes appelés à pleins poumons à faire neuf ce qui était vieux, à croire à la montée de la sève dans le vieux tronc de l’arbre de vie. Nous sommes appelés à renaître, à congédier en nous le vieillard amer !!! (…) La plus cruelle vieillesse n’est pas organique : elle est celle des cœurs.»
Christiane Singer

Nous désirons vivre cette pensée d’Antoine de Saint-Exupéry : 
« Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. »… 
La maison du pas sage est un navire où embarquer
 
pour l’aventure de la Rencontre

«Toute rencontre crée un espace d'insécurité - jusqu'où suis-je, moi, et où commence l'autre ? - qui fait peur. Or s'exposer à cette aventure, oser s'avancer vers l'autre, vers ce qui est nouveau est le premier enjeu de toute éducation. E-ducere : mener hors de... faire sortir de... Être éduqué, c'est prendre le risque de la rencontre.»
Christiane Singer

L’équipage de ce navire est constitué de jeunes, de moins jeunes et de vieux qui s’accordent du temps et de l’attention pour prendre soin ensemble des choses de la vie. Participer selon ses capacités à la confection d’un bon repas ou d’un bouquet, au soin des plantes ou d’un chat… à de multiples moments qui sont à inventer ensemble, en s’ouvrant également aux personnes du village et des environs proches et lointains.

Dans cette optique, des jeunes du monde entier, dans le cadre d’un service laïc international trouvent ainsi un sens à leur vie et aident leurs aînés à être utiles et heureux jusqu’à leur dernier souffle. Le parcours de vie des uns enrichit la vitalité des autres et vice versa.

«Chaque matin, les hommes et les femmes qui prennent soin de la parcelle du réel qui leur est confiée sont en train de sauver le monde, sans le savoir.»
Christiane Singer

Nous savons par expérience, que des personnes isolées et vieillissantes peuvent gagner en santé et bonheur en étant entourées dans un cadre intergénérationnel et aimant ; et cela est vrai également pour des jeunes quelque peu déboussolés ou révoltés.

La “maison du pas sage” est une école de responsabilité, où chacun, jeune ou vieux, pourra apprendre à s’accomplir, grâce à son engagement envers lui-même ET les autres.
Les familles des personnes âgées sont bienvenues et invitées à participer bénévolement à la vie quotidienne selon leurs disponibilités.
En goûtant chaque instant pour avancer vers soi-même, la “maison du pas sage” est un espace commun d’entraînement au bonheur.